L’Unafo publie une étude portant sur la prévention et la promotion de la Santé dans les résidences sociales en Île-de-France. Menée sur deux années au sein de 23 résidences, en partenariat avec l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives (Ansa) et financée par l’Agence régionale de Santé, l’étude dresse un état des lieux précis des besoins en santé des personnes logées et valorise les initiatives innovantes déployées par les adhérents de l’union.
Santé mentale, accès aux soins, alimentation, des besoins d’accompagnement importants
Le logement accompagné s’adresse à une grande variété de profils (jeunes travailleurs, familles monoparentales, personnes âgées isolées, …), tous confrontés à une forme de précarité qui impacte nécessairement leur santé et leur accès aux soins. Si le logement constitue une première réponse dans la stabilisation du parcours et la construction d’un accompagnement adapté aux besoins de chacun, les défis restent nombreux : ouverture des droits, prise en compte des questions de santé mentale, vieillissement précoce, addictions, insécurité alimentaire…
L’étude révèle par exemple que 37 % des résidents interrogés déclarent avoir déjà renoncé à des soins (contre 4,4 % en population générale), souvent pour des raisons économiques ou logistiques. Les femmes sont particulièrement concernées, avec des besoins spécifiques encore insuffisamment pris en compte.
Les personnes en résidence sociale présentent des scores élevés sur les questions de stress/angoisse, fatigue/manque d’énergie, tristesse/déprime. Pourtant, seule une minorité des déclarants d’un signe de mal-être a consulté un professionnel de santé mentale.
Par ailleurs, l’insécurité alimentaire est une problématique importante partagée par beaucoup de résidents, tous dispositifs confondus à l’exception des FTM (23 % des résidents en FJT et 20 % en résidence sociale généraliste déclarent sauter des repas ou ne pas toujours manger à leur faim). Cette difficulté concerne également les personnes en emploi même si on peut imaginer des revenus plus importants. Paradoxalement, seule une minorité des personnes en situation d’insécurité alimentaire sollicitent l’aide alimentaire (67 % ne sont pas allés dans un lieu de distribution).
Soutenir les dynamiques de terrain et généraliser les actions de promotion de la santé auprès des résidents
Si l’étude montre un investissement fort de la part des équipes d’accompagnement sur les questions de santé, qui ne relèvent pourtant pas toujours de leurs missions premières. Elles doivent donc être soutenues et pouvoir bénéficier de moyens leur permettant de s’appuyer sur des expertises extérieures dans la construction des actions de sensibilisation, de médiation en santé et de prise en compte des problématiques liées à la santé mentale et à la perte d’autonomie.
Si des actions et des partenariats existent, ceux-ci sont souvent fragiles car financés de façon ponctuelle, bien qu’ayant fait la preuve de leur utilité auprès des résidents. Parmi ces actions, l’étude met notamment en lumière l’organisation de forums santé sous forme d’ateliers collectifs organisés dans les résidences, le recours à des pairs-aidants, pour créer du lien et bénéficier du savoir expérientiel des personnes en particulier sur les questions de santé mentale et d’addictions, des formations professionnelles pour renforcer les compétences des équipes sur des sujets sensibles et des actions spécifiques sur la santé des femmes organisées avec le soutien d’associations spécialisées.
Structurer durablement l’alliance santé-logement
Au travers des résultats présentés, l’étude de l’Unafo souligne le rôle central des gestionnaires de logement accompagné dans la lutte contre les inégalités d’accès aux soins. L’Unafo plaide ainsi pour une meilleure reconnaissance de cette mission et pour un soutien accru et pérenne aux actions menées en ce sens, au-delà du cadre incertain des appels à projets et en développant des partenariats de long terme avec des structures spécialisées.
S’il semble frappé au coin du bon sens qu’ « il vaut mieux prévenir que guérir », la santé ne peut être considérée comme un simple « à côté » de l’accompagnement. Elle est une condition essentielle de l’autonomie et de l’inclusion des personnes. Il est temps de donner aux structures les moyens de jouer pleinement ce rôle.