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Entretien avec Olivier KLEIN, Ministre délégué chargé de la ville et du logement

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Dans le cadre du magazine Action habitat de l'automne 2022, Olivier KLEIN, Ministre délégué chargé de la ville et du logement répond à quelques questions.

 La production et le rôle du logement accompagné dans le Logement d’Abord doivent monter en puissance 

Olivier Klein a été nommé le 4 juillet dernier Ministre délégué chargé de la Ville et du Logement. Il a accepté de répondre à quelques questions pour Action Habitat.

Quelles sont les grandes lignes fixées par votre Ministère en matière de logement pour les 5 prochaines années ?

Olivier Klein : Je veux que ce quinquennat du logement soit celui de la solidarité. Solidarité par la mise en place de véritables parcours résidentiels, solidarité par la transition écologique, solidarité par le développement de l’offre. Ces priorités doivent être résolument tournées vers les personnes et les ménages les plus fragiles, qui ont des difficultés à accéder au logement, à s’y maintenir ou à payer leurs charges, en y prêtant constamment une attention particulière. Le Président de la République s’y est engagé, nous allons renforcer la politique du Logement d’Abord, dont j’ai annoncé un second volet au Congrès HLM. Ce nouveau plan quinquennal devra poursuivre le développement d’une offre sociale adaptée, incorporant tous les types de logements qui contribuent à des parcours résidentiels positifs, et les résidences sociales, comme les logements adaptés pour les jeunes, doivent en faire partie. A cet effet un budget supplémentaire de 44 millions d’euros sur 2023 lui sera consacré.

Le précédent gouvernement avait annoncé une feuille de route pour développer les résidences sociales : comment comptez-vous la mettre en application ?

OK : Il y a eu le temps de l’analyse. Une feuille de route pour les résidences sociales avait été construite lors du précédent quinquennat, autour de différents axes. Je crois qu’elle a permis de poser les bons constats, autour des difficultés économiques, de l’accès au foncier, de l’adhésion des acteurs, en particulier des élus, et du lien avec la politique du Logement d’Abord. Maintenant, on entre dans le temps de l’action. Comme pour l’ensemble du logement social, il nous reste désormais à traduire ce diagnostic en résultats concrets. Notre pays a besoin d’un nombre plus important de logements sociaux, et ce besoin inclut les résidences sociales. Le nouveau plan quinquennal pour le Logement d’Abord sera l’occasion de faire émerger de nouvelles propositions, avec les collectivités, qui seront associées à la réflexion, et avec les professionnels.

Il faut à la fois accélérer la production de résidences sociales, mais aussi garantir la pérennité du secteur et des gestionnaires dans un contexte économique particulièrement compliqué…

OK : Tout doit être fait pour protéger les acteurs du logement social et très social. C’est un enjeu majeur. Les besoins et les difficultés doivent être mises sur la table et étudiées avec précision. La priorité du Gouvernement est de limiter au maximum l’impact de la crise énergétique que nous traversons, pour que toutes les structures et tous les locataires puissent traverser ces moments difficiles. C’est pourquoi nous prolongerons le bouclier tarifaire, en reconduisant les principes appliqués jusqu’ici. Le secteur du logement accompagné sera donc concerné, ainsi qu’il l’a été, grâce aux alertes remontées par le secteur et au travail partenarial conduit au printemps dernier. Par ailleurs, comme l’avait précisé la Première ministre Elisabeth Borne, tous les locataires en chauffage collectif ont vocation à être protégés par le bouclier : ce sera donc également le cas rapidement avec le bouclier collectif électrique. J’ajoute enfin qu’au-delà de ces mesures de court terme, je souhaite faire du secteur social l’exemple de la transition écologique que veut porter le Gouvernement, priorité écologique et sociale.

Comment limiter l’effet ciseau auquel le secteur est confronté, entre l’augmentation des charges et un modèle qui repose sur une redevance « toutes charges comprises » qui implique que ce sont les gestionnaires qui doivent encaisser seuls cette hausse des coûts ?

OK : Le maintien de l’équilibre économique des structures est essentiel, dans un contexte où leur production et leur rôle dans le Logement d’Abord doivent monter en puissance. Pour les logements sociaux familiaux, nous travaillons avec les bailleurs sociaux à limiter l’impact des hausses de charges sur les locataires. Pour les résidences sociales, l’impact est limité par essence, avec la limitation de l’augmentation de la hausse de la redevance à l’IRL. Mais à terme, cet effet ciseau n’est pas soutenable par les gestionnaires. Outre les boucliers tarifaires pour le gaz et l’électricité, il nous faut prendre en compte cette situation, dans le cadre des travaux ouverts par le Gouvernement sur les impacts de la crise énergétique.

Comment pensez-vous faire évoluer l’AGLS, l’Aide à la gestion locative sociale, qui n’est pas versée à l’ensemble des gestionnaires et qui, quand elle l’est, ne représente que 0.6 € par jour et par personne logée contre 19,5 € pour les pensions de famille et environ 45 € pour un CHRS ?

OK : L’Aide à la gestion locative a fait l’objet de réflexions dans le cadre de la feuille de route, et je souhaite poursuivre ces réflexions. Dans un contexte budgétaire qui reste contraint, il nous faut déterminer les besoins, en tenant compte des différences entre les structures, les publics accueillis et les modèles économiques. Il nous faut aussi améliorer le versement de l’AGLS. C’est déjà le cas, grâce aux travaux conduits par la DIHAL, mais ces travaux devront se poursuivre.

Au printemps dernier, un rapport a été remis sur l’utilité sociale des Foyers de jeunes travailleurs. L’Unafo, souhaite une mise en œuvre des préconisations de ce rapport. Comment comptez-vous y travailler ?

OK : Le logement des jeunes est une préoccupation constante, notamment à travers l’augmentation de l’offre de logements sociaux et très sociaux qui leur sont dédiés. A ce titre, j’entends tenir compte des réflexions et des préconisations pour construire une nouvelle stratégie pour le logement des jeunes. Elle devra faciliter leur accès au logement, maintenir l’accompagnement lorsqu’il est nécessaire, tout en s’adaptant aux différents besoins des jeunes tout au long de leur parcours. Le mal-logement, ça ne peut pas être le premier message que le monde des adultes adresse à notre jeunesse. Cela réclame un engagement fort. Nous serons au rendez-vous.

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