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Entretien avec Yves Krattinger, président du conseil départemental de Haute-Saône

Alors que la production des résidences sociales n’a pas été à la hauteur des dernières années, Action Habitat a souhaité aller à la rencontre d'élus, dont le rôle est déterminant pour lever les obstacles que rencontrent les acteurs sur le terrain, pour mieux comprendre leur vision de l’utilité sociale du Logement Accompagné.

Les résidences sociales ont une réelle fonction d’intégration.

Entretien avec Yves Krattinger, Président du Conseil Départemental de la Haute-Saône

De quelle manière le Conseil Départemental s’est-il impliqué aux côtés de FMS88 dans le cadre du projet de résidence sociale « La Ballastière » à Saint Loup sur Semouse ?

Le projet de réhabilitation du Foyer des Travailleurs Migrants de Saint Loup sur Semouse est un dossier qui a été porté sur plusieurs années, dès 2015 pour être précis, d’abord par l’État puis repris par le Département de la Haute Saône. Du fait du désistement d’un 1er porteur privé apporté par l’Etat, un nouveau travail a été engagé dès l’automne 2018 sous l’impulsion du Département et de plusieurs partenaires dont Habitat 70, bailleur social et propriétaire des bâtiments, et surtout la Fédération Médico-Sociale 88 (FMS 88), une association reconnue et expérimentée, dont la méthode et les résultats obtenus dans les Vosges voisines ont retenu positivement l’attention. D’autres acteurs se sont fortement mobilisés autour du projet, à commencer par les services de l’État (DDCSPP et DDT 70), la CILPI, les collectivités locales (Communauté de communes de la Haute-Comté et commune de St Loup sur Semouse) et les services départementaux dans une approche transversale (Direction de la Solidarité et de la Santé Publique / DSSP et Direction du Développement, de l’Aménagement et de la Coopération Territoriale / DDACT).

 Quels ont été les fondamentaux de cette réflexion collective ?

Cet établissement était auparavant un Foyer de Travailleurs Migrants d’une capacité de 100 chambres réparties sur 3 bâtiments, créé dans les années 70, par les entreprises Parisot. En pleine croissance économique, la volonté de l’époque était d’accompagner le besoin en main d’œuvre étrangère par une offre de logements de proximité. Cette structure accueille donc depuis cette époque notamment un public de retraités étrangers vivant très chichement, auquel sont venus se joindre d’autres personnes en situations variées de grande fragilité. Il servait également d’hébergement d’urgence pour le Nord de la Haute-Saône. Le nouveau projet immobilier a été articulé entre une résidence sociale et une pension de famille, complétées avec quelques places pour l’hébergement d’urgence. L’objectif est d’aboutir à un site adapté aux besoins des résidents actuels et futurs, ce qui a impliqué un chantier de refonte en profondeur des bâtiments qui étaient datés et vieillissants.

En quoi ce projet était-il important pour le territoire ?

Le Foyer de Travailleurs Migrants de Saint-Loup sur Semouse a été inscrit par l’État en priorité n°1 de la Région Franche-Comté au plan national de traitement des FTM. Par ailleurs, l’association qui assurait précédemment la gestion rencontrait de grandes difficultés qui ont obéré sa pérennité. Au vu de l’urgence sociale et de la nécessité de coordonner les partenaires pour faire aboutir ce dossier, le Département a pris le pilotage de ce dossier emblématique de l’histoire du territoire dans le cadre de ses compétences et en sa qualité de chef de file de l’action sociale mais aussi de délégataire des aides à la pierre.

Vous avez agi en tant que pilote du projet ?

Dans un premier temps, le Département avait été associé par l’État à un travail de reprise de gestion de cet établissement par le groupe COALLIA, complété par des travaux de réhabilitation du bâti. Le dossier n’a pas pu aboutir par désistement du porteur. Dans un second temps, comme l’urgence sociale devenait de plus en plus prégnante et que l’association gestionnaire était défaillante, le Département a pris le pilotage de ce dossier en souhaitant la création de nouvelles activités redimensionnées pour répondre aux besoins des résidents mais aussi aux besoins futurs (structure évolutive et adaptable).

Comment s’est passé le travail avec FMS88 ?

Pour réussir cette opération complexe, il fallait trouver un partenaire fiable en charge de la relation quotidienne avec les locataires et des locaux. Les relations avec la FMS se sont déroulées dans un climat très serein et constructif. La FMS 88 a notamment su alerter en temps utiles le Département sur les difficultés rencontrées avec la gestion précédente et sur la situation préoccupante de certains résidents, par exemple la vétusté des logements voire leur non  adaptation à certains handicaps constatés, l’accompagnement social à mettre en place … Ils ont également proposé activement des solutions puis les ont mises en œuvre avec professionnalisme et efficacité. Le dialogue a été régulier et une relation de confiance s’est mise en place.

Plus largement, quel regard portez-vous sur les résidences sociales, leur utilité sociale et la place qui doit être la leur dans les politiques locales de l’habitat ?

Les résidences sociales ont une réelle fonction d’intégration, assurée par une gestion locative adaptée ou sociale, qui est lisible au travers des parcours des résidents. Elles permettent à des personnes rencontrant des difficultés d’acquérir les bases pour accéder à un logement autonome. Il existe en Haute-Saône 322 places de résidences sociales ou FJT. Pour compléter cette offre, 47 places supplémentaires de résidences sociales doivent ouvrir au cours du dernier trimestre 2022 à Jussey, à Saint Loup et Vesoul.

Crédit photo-portrait © L Cheviet